C’est pas parce que ça s’appelle un demi-marathon qu’il faut se donner à moitié!

 
 

En fin de semaine dernière, j’ai vécu une des expériences les plus intenses de ma vie! J’ai couru le demi-marathon à la Course des pompiers de Laval.

Un 21,1 km rempli de toutes sortes d’émotions.

 

C’était mon 2e demi-marathon. Je m’étais lancé le défi pour la première fois l’été dernier. La première fois, je m’étais vraiment vraiment bien préparée. Je m’étais beaucoup plus concentrée sur la distance que sur le temps. Tellement que j’me rappelle avoir trouvé ça facile..! Je comprenais pas. Me semble que c’était pas supposé se passer aussi bien? Cette fois-là, j’ai souri tout le long et je me répétais sans cesse d’aller lentement et de profiter de chaque seconde. Quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, j’me souviens m’être dit que j’aurais pu continuer pour encore plusieurs kilomètres.
Même pas eu de courbatures le lendemain.

 

Pour celui que je viens de faire, ça s’est pas passé pareil du tout! Je me suis décidée beaucoup plus à la dernière minute à m’inscrire et j’ai suivi aucun plan d’entrainement à la lettre. Faut dire par contre que je n’ai jamais arrêté de courir depuis la dernière année (en moyenne 6 km par matin, 6x par semaine, même à -30 pendant l’hiver).
Pendant les quelques semaines avant, je me suis préparée au feeling.
J’avais peut-être un peu trop confiance, vu comment ça s’était passé la dernière fois!



Alors j’te raconte tout. Voici comment s’est déroulée ma journée de course.

 

6h00

J’arrive pas à rien avaler avant de partir. Juste un café.
J’me prépare, j’suis super excitée, j’ai full hâte.

7h00

On prend la route. Alain m’accompagne et me conduit jusqu’à la ligne de départ à Laval. J’ai hâte d’arriver parce que j’ai vraiment envie de pipi!

 

8h15

J’embrasse Alain, je débarque de l’auto et je cours à la recherche des bécosses de l’événement. Je découvre avec horreur une file d’à peu près 150 personnes qui attendent pour la même chose que moi. Plus longue attente de ma vie.

 

8h45

Je suis SOULAGÉE! Haha! J’me dis qu’après cette épreuve mentale, la course risque de me paraître facile. (Faut pas parler trop vite.)

 

9h00

J’attends le décompte pour partir. J’ai repéré les lapins de cadence. (C’est des coureurs qui servent de référence pour courir la distance à une certaine vitesse. Donc si tu veux faire la course en 2h, t’as juste à suivre la personne qui porte le drapeau sur lequel c’est écrit « 2h00 ».)
La dernière fois, j’avais couru le demi-marathon en 2h30 donc, j’me dis que je vais essayer de suivre le 2h15 et voir si je peux battre mon record. Je m’étais pas donné d’objectif de temps, mais sur le coup, j’ai le goût de me dépasser.

 

5-4-3-2-1 et c’est parti!

 

9h05

L’énergie du départ est incroyable. Tout le monde court serrés les uns sur les autres en essayant d’ajuster sa vitesse, de contourner les coureurs plus lent et de laisser passer les plus rapides.
Je voulais suivre le lapin de cadence du 2h15, mais je suis tellement excitée que j’arrive pas à retenir ma vitesse. Je le dépasse.

 

9h10

Je commence à trouver ça bizarre de ne pas avoir encore croisé la borne qui indique le 1 km. Je comprends qu’il n’y a pas de bornes sur le parcours. Pas moyen de savoir à quelle distance je suis rendue! Heureusement j’ai une app (Runkeeper) qui me donne mes stats. Sauf qu’il faut que je prenne mon cell dans ma poche pour les consulter (j’ai pas de montre de sport comme la plupart des coureurs).
J’ai le goût d’attendre le plus longtemps possible avant de les regarder.

 

9h30

Je suis toujours en train d’avoir hâte à la prochaine station de ravitaillement. J’ai full soif tout le temps. Faut dire que c’est la première fois de ma vie que je cours en ville, j’avais oublié de prendre cette donnée en considération..! L’air est moins pur qu’en nature, ça sent parfois l’essence et les égouts. Ça me donne mal à la tête. Heureusement que des fois, ça sent aussi les fleurs ou le BBQ (de bonne heure comme ça, moi non plus je la comprends pas).

 

Je regarde partout, j’admire les maisons et la vue, je fais des sourires à tous ceux qui nous encouragent, je dépasse les autres coureurs dans les côtes (parce que chez nous y en a pas mal, je suis habituée), j’me sens en feu!

 

9h40

En 40 min, d’habitude je cours à peu près 6 km donc je prends mon cell pour regarder pour la première fois.
7 km et demi!!!
Oh.
Je commence à avoir peur de trouver la fin de la course plus difficile que prévu.
J’en profite pour mettre ma playlist. J’avais couru sans musique jusque-là.

 

10h00

Ça fait 1h que je cours. Je suis déjà à la moitié. J’ai rarement fait un 10km aussi vite. Je suis à la fois super fière et terrorisée pour la suite. Je sais que je serai pas capable de garder ce rythme-là jusqu’à la fin.
Pour l’instant, ça va encore bien! Je fais du lip sync sur la musique que j’écoute.

 

10h30

Je commence à trouver ça dur. La petite voix dans ma tête commence à me suggérer de marcher et à chercher des portes de sortie : « C’est trop difficile là! C’est pu l’fun. Tu peux t’arrêter tsé! C’est tu si grave que ça si tu te rends pas à la ligne d’arrivée? »
Pendant que j’essaye de lui répondre intérieurement en restant positive : « T’es capable. Continue. Si tu t’es rendue juste là, tu peux faire le reste. Ça va bien. C’est facile. Un pas à la fois. »

 

10h et ??

Je perds complètement la notion du temps.
Ma playlist me fait jouer une chanson de l’album VOCAbuLairieS de Bobby McFerrin et ça me met dans un genre d’état méditatif que j’ai encore jamais vécu.

Je travaille chaque seconde à enlever mon attention de mon corps pour qu’il continue à courir comme une machine pendant que je mets toute ma concentration sur la musique.

J’ai les yeux fixés au sol à quelques mètres devant moi. Je peux pas les lever sans que ça me déconcentre.

Quand la chanson se termine, je me dépêche d’aller mettre l’album au complet pour rester dans cette zone-là qui me garde aller.

 

À un moment donné je me rends compte que ma main est encore agrippée à un verre vide du dernier ravitaillement depuis des kilomètres. Je l’avais même pas remarqué.

 

11h05

Je vois pour la première fois une borne!!! Elle indique qu’il reste 750 mètres. Ça me sort de ma bulle. J’ai le goût de pleurer.
Je suis presque rendue, mais je vois pas encore la ligne d’arrivée. C’est interminable.

 

11h08

Une autre borne!
250 mètres.
J’ai le goût de m’arrêter et de marcher le reste.
Mais je le fais pas.

 

11h10

Je franchis ENFIN la ligne de la fin. Étrangement, mon corps s’arrête pas de courir tout de suite. Après quelques secondes, quand je m’arrête, je commence à voir flou et à avoir du mal à respirer. J’me demande si je vais bien, mais en fait, c’est juste les larmes qui me montent aux yeux.

 

Y a une grosse foule, je cherche mon chum. On me remet ma médaille. Je regarde l’heure et je réalise que je l’ai fait en 20 minutes de moins que la dernière fois. J’en reviens pas. Je comprends pourquoi j’ai trouvé ça dur!!!

Je suis vraiment allée au bout de moi-même. J’ai jamais autant dépassé mes limites de ma vie!
Je retrouve mon chum. Je braille.

 Il me reconduit à la maison pour que j’aille prendre la meilleure douche de ma vie.

 

  

 

Je sais que cette histoire-là n’a pas de lien évident avec la musique, mais je tenais à la raconter sur le blog quand même.
Je pense qu’en vivant de grandes aventures, la créativité fait des provisions.
Et je pense aussi que quand on arrive à dépasser ses limites dans quelque chose, ça se transpose à toutes les autres sphères de notre vie.