Avec du recul aujourd’hui, je me rends compte À QUEL POINT j’avais cette peur-là quand j’étais plus jeune. J’ai toujours pris beaucoup de temps à analyser chaque petit détail d’une nouvelle situation avant de prononcer le moindre mot, pour être certaine que personne ne rirait de moi quand je dirais enfin quelque chose. Ça empirait souvent mon stress plus qu’autre chose parce que moins je prenais de place, plus je me mettais de la pression au moment de m’exprimer. C’était LE moment où j’allais tout dévoiler de ma personnalité et où j’allais donner la fameuse première impression que les autres se feraient de moi.
J’avais horreur que tout le monde me regarde. Faire un tour de table pour se présenter dans un nouveau groupe, c’était de la torture.
J’ai toujours eu de l’admiration pour les gens qui semblaient tellement plus à l’aise dans leur corps.
Combien de fois on m’a dit : « Va au bout de tes mouvements! » dans des cours de danse, parce que je me retenais d’ouvrir complètement mes bras.
Je me souviens de certains de mes premiers exercices de théâtre (c’est tellement simple quand j’y repense..!) où on devait exagérer différentes émotions sur notre visage au point que ça en devienne des grimaces.
J’y arrivais pas.
Pourtant, ça avait l’air tellement facile pour les autres..!
Haha! Ça me fait penser que quand j’étais enfant et que je pleurais, il fallait que j’évite de me voir dans un miroir parce qu’à chaque fois que je croisais mon reflet en larmes, je me trouvais tellement pas cute que ça me faisait pleurer 2 fois plus! Hahaha! Oups!
Heureusement qu’en vieillissant, on évolue, on apprend, on accède à de nouvelles perspectives qui libèrent parfois certains blocages.
Dans mon cas, les arts en sont certainement pour beaucoup..! Je pense qu’en haut de la liste des astuces qu’on peut proposer à quelqu’un pour se libérer de sa peur du ridicule, ce serait de suivre des cours de théâtre. Ça a été vraiment thérapeutique pour moi.
Ça m’a permis de tester tout plein d’affaires sur le dos d’un personnage. Ça donne la possibilité de « sortir de soi », de s’oublier un peu pour s’abandonner à la peau d’un rôle fictif. Et c’est une belle manière d’apprendre à faire rire de nous sans danger.
C’est pas facile pour autant..! Ça m’a fait faire un méchant gros travail sur moi.
À ce jour, j’ai encore de bonnes discussions avec ma p’tite voix intérieure à chaque fois que je me lance dans le vide pour tester un nouveau personnage ou pour jouer une scène pour la première fois en répétition, par exemple.
Mais chaque fois que je me permets de sortir de ma zone de confort, c’est déjà une victoire en soi.
On devrait s’offrir le cadeau de sortir de notre zone de confort plus souvent.
Parlant de théâtre, je me souviens quand j’ai commencé à donner des ateliers de jeu. Au début, j’avais surtout des groupes d’enfants (8 à 11 ans) et ça semblait tellement naturel pour eux! Ils m’impressionnaient énormément, car ils avaient cette facilité à se réinventer au fur et à mesure.
En même temps, qui n’a jamais joué à papa-maman quand il était petit? La plupart des jeux créatifs des enfants, c’est exactement de jouer des personnages!
Quand je me suis mise à donner des ateliers pour les ados, j’ai vu à quel point la peur du ridicule se multipliait à cet âge-là. Impossible de leur faire faire les mêmes exercices que les enfants. Il fallait y aller beaucoup plus en douceur pour ne pas leur donner l’impression de perdre la face devant leurs amis.
J’me suis beaucoup reconnue en eux.
Dans mes souvenirs, à l’adolescence, j’avais moi-même tendance à juger les autres beaucoup plus sévèrement qu’aujourd’hui. C’était ce qui me semblait normal. Tout le monde jugeait tout le temps tout le monde.
Le fait d’adoucir mon regard envers les autres en vieillissant m’a fait vraiment du bien.
Quand on a le réflexe de juger négativement, on se regarde inévitablement avec le même œil. On a l’impression que les autres nous voient tous avec ces lunettes-là aussi. Et pourtant..!
On s’en fait tellement trop…
Il suffit de se donner la permission de s’exposer et de se soumettre au jugement des autres, en montant sur scène ou en prenant la parole devant un groupe par exemple, pour se rendre étonnamment compte à quel point les gens sont plus bienveillants qu’on se l’imagine.
Notre pire critique, c’est toujours nous-mêmes.
Quand ta prochaine occasion se pointera, rappelle-toi que :
- en étant bien préparé, le plus gros du travail est déjà fait.
- avec un bon sens de l’humour, on peut pratiquement tout dédramatiser. Vaut mieux apprendre à rire de soi d’abord, au lieu que les autres rient de nous.
- et même s’il arrive quelque chose, tout sera vite oublié.
On ne s’en libèrera jamais complètement. La peur du ridicule sera toujours là, mais c’est parce qu’elle a de bons côtés aussi!
En autant qu’elle ne nous empêche pas d’être nous-mêmes.