Ça fait plus de 3 ans qu’on répète pour présenter le spectacle de VACHES, The Musical. C’est pas que la pièce a pris 3 ans à monter, c’est que… pandémie oblige. Mais reste que, ça fait 3 ans qu’on se visualise présenter ce show-là sur scène devant une foule et qu’on se prépare pour ça.
Au moment où je publie cet article, c’est la journée même de notre première mondiale.
ENFIN.
Des spectateurs pourront voir le show ce soir.
C’est vraiment excitant.
Et y a évidemment le trac qui embarque aussi!
On a souvent joué la pièce d’un bout à l’autre en répétition. On la connaît sur le bout de nos doigts, au détail près. Tout est aligné pour que ça se passe comme sur des roulettes.
Mais on a reçu quelques spectateurs pour assister à notre dernier enchaînement et j’ai l’impression que toute ma perception du show a changé sur le coup. On n’avait encore aucune idée de comment un public allait réagir au show.
C’est fou parce qu’en jouant, pratiquement toute notre attention va aussitôt vers lui. Quand est-ce qu’il va rire? Est-ce qu’il aime ça? Quand est-ce qu’il va applaudir et qu’on devra retarder nos prochaines répliques pour lui laisser le temps de le faire? Est-ce qu’on va être déçus lorsqu’ils ne réagiront pas comme prévu à certaines scènes que l’on pensait drôles?
J’en ai oublié des répliques et ça m’a fait me tromper dans mes chorégraphies.
Au lieu de juste me laisser aller sans trop réfléchir et d’avoir du fun dans le show comme d’habitude, je me suis mise à penser à toutes sortes de choses :
« J’espère qu’ils vont trouver que je suis bonne. Faut pas que je me trompe. D’un coup que j’ai un trou de mémoire? Qu’est-ce que j’ai l’air quand je joue cette scène-là? Est-ce que mon personnage est crédible? D’un coup que je réussis pas à faire mon changement de costume à temps? Et si j’entends pas la musique? »
Je me suis « regardée » jouer parce que je savais que j’étais regardée. Et c’est jamais une super bonne idée de s’observer jouer. Tu peux pas incarner à 100% une scène quand tu te regardes la faire de l’extérieur en même temps.
C’est peut-être un passage obligé aussi pour réussir à s’adapter à avoir un auditoire. Il faut par contre apprendre à déconstruire notre premier réflexe rapidement.
C’est pour ça que c’est précieux de pouvoir faire des enchaînements devant un petit groupe de nouvelles personnes avant le jour J, voire aussi de faire une générale publique.
Avoir un public quand on n’en a encore jamais eu, ça nous fait perdre nos repères. C’est quand il y a du public que le trac embarque.
C’est quand le trac embarque qu’on se dit qu’il ne faut surtout pas avoir de trou de mémoire.
Et c’est quand on se dit ça que ç’a le plus de chance de se produire.
Apparemment que le cerveau percevrait le fait de monter sur scène de la même manière que si c’était un examen et que le public était un grand groupe de juges.
Y a 2 peurs qui embarquent : celle de mal faire et celle d’être jugée négativement par les spectateurs.
Ce qui n’aide pas en plus, c’est que la communication est unidirectionnelle. Le public ne fait que regarder. Il ne partage pas nos efforts et c’est assez dur de savoir s’il apprécie ou pas, jusqu’à ce qu’il y ait des rires ou des applaudissements.
Mais le trac n’est pas que négatif! Il est aussi un signe qu’on veut bien faire et c’est donc une marque de respect pour le public.
Voici quelques astuces pour que ce stress n’influence pas trop nos performances :
L’important, c’est d’arriver à dédramatiser les résultats si notre prestation n’est pas parfaite. Un des meilleurs trucs, c’est d’imaginer ce qu’on dirait à notre meilleur(e) ami(e) dans cette éventualité.
Une autre astuce pour se mettre en confiance avant de monter sur scène, c’est de se visualiser revivre un souvenir où on a été dans des circonstances similaires et que ça a été une réussite. Ça permet de transformer nos appréhensions en énergie positive.
La peur amène inévitablement du négatif dans notre discours interne et je pense que c’est une bonne idée de porter attention à ce que notre petite voix intérieure nous raconte et de changer consciemment la formulation de ses phrases en positif.
Par exemple, quand elle nous répète un mantra du genre :
« Faut pas que j’oublie mon texte. »
On peut le transformer en se répétant plutôt :
« Je sais que je connais tout mon texte par cœur. »
Et une fois sur scène, c’est vrai que c’est important d’avoir une conscience du public, mais il ne faut surtout pas oublier que c’est 5X plus important de se concentrer sur le contenu de notre performance.
De toute façon, la vraie façon de savoir si un public a aimé le show ou pas, c’est d’aller lui jaser à la fin du show.
La discrétion d’un public pendant un spectacle est souvent trompeuse.
Bref, sur ce, je m’en vais me diriger vers les loges du Centre Shenkman pour me maquiller, me coiffer, me costumer et me réchauffer pour être prête à aller à la rencontre du tout premier public officiel de l’histoire de VACHES, The Musical.
Souhaitez-moi merde!