On a gagné un Trille Or

 
Crédits: Julien Lavoie

Crédits: Julien Lavoie

 

Il y a quelques mois de ça, on apprenait qu’on était nommés dans les catégories « Groupe », « Artiste folk/roots/trad » et « Présence web » au Gala Trille Or 2021. 

Le Gala Trille Or, pour ceux qui connaissent pas, c’est comme l’ADISQ, mais pour le reste de la francophonie canadienne. Et ça a lieu aux 2 ans à Ottawa. 

On avait déjà été nommés en 2017 suite à notre 1er album, d’ailleurs.

Il y a un mois à peine, on nous demandait de jouer dans le Gala. (!!!) Mais pas n’importe quoi…! 

2 chansons du légendaire groupe CANO allait se faire introniser au Panthéon des auteurs et compositeurs canadien et on nous demandait, à nous, de les interpréter pour l’occasion. Oh. Wow. Déjà que c’est spécial d’être invités à jouer sur le Gala, fallait avoir vraiment confiance en nous pour nous confier ce mandat-là...! 

Je connaissais un peu les chansons de CANO, mais pas assez pour te les chanter par cœur, mettons. Même si je savais que mon père est un fan. Quand on nous a dit les titres des chansons, Alain connaissait déjà bien « Dimanche après-midi », une chanson à la structure et aux arrangements folk qu’il avait souvent entendu chanter par Stef Paquette quand il l’accompagnait en tournée à l’époque. Il m’a rassuré en me disant que ça allait bien se faire, que ça allait pas trop être compliqué à arranger pour notre duo. Il a donc assumé que le 2e titre allait être similaire à cette chanson-là… Mais j’avoue qu’on a fait le saut quand on a écouté pour la première fois « Baie Ste-Maie ». Oh là là, ça c’est du vrai prog comme il s’en faisait dans les années 70. Ça s’éloignait un peu de notre zone de confort là…! Mais on avait déjà dit oui.

« Baie Ste-Marie », une chanson de 9 min et demi qu’on a dû raccourcir à 3 min pour les besoins du Gala et qu’on devait faire en formule guit/piano/violon/trombone. C’était… pas impossible, mais un peu risqué !

C’est nous qui « leadait » les arrangements, mais on a eu l’honneur d’avoir les membres originaux du band avec nous; Marcel Aymar (voix), John Doer (trombone) et Dave Burt (harmonica), en plus de notre ami violoniste Jason Hutt.

Ça m’a pris un bon 2 semaines à pratiquer toute seule au piano, pour assimiler la structure de la chanson et pour réussir à jouer, à la main gauche, le groove de la basse, en même temps que les mélodies pour doubler le violon, à la main droite. Pas de vraie basse et pas de drum, fallait adapter la chanson pas mal. Pis moi, j’ai pas tellement l’habitude de jouer autre chose que mes propres compos… ça me prend un peu (beaucoup) plus de temps qu’un vrai pianiste à repiquer des tounes..!

Une fois que je connaissais bien la partition, Alain et moi, on a pu pratiquer ensemble. La guit d’Alain a pu aller chercher le côté plus rythmique, puis les accords, quand moi je pouvais pas les faire. Bref, on était prêt à répéter avec CANO, la veille du show. 

Entre temps, on nous a aussi demandé de se greffer à la chanson finale du Gala; un hommage à Daniel Lavoie. 

Aah… Daniel Lavoie… On tripe sur ses chansons depuis qu’on sort ensemble Alain et moi. On était vraiment contents de pouvoir avoir la chance de chanter et de jouer pour lui.

Le jour du Gala, j’avoue que les chansons de CANO prenaient toute ma tête, ça me stressait surtout de jouer le piano. Mais quand on a présenté officiellement le numéro, honnêtement, j’ai rarement eu autant de fun à chanter des tounes. Partager la scène avec cette gang-là, c’était intense comme énergie. J’ai tripé.

Quelques minutes plus tard pendant le Gala, on vient nous chercher à la loge pour aller dans les coulisses. On comprenait pas trop, parce qu’on devait juste remonter sur scène à la fin. Mais c’est qu’il fallait être en stand by pendant la remise du prix pour lequel on était nommé. On faisait des blagues (mais on était quand même sérieux en fait), on disait : « Ben là, ça sert à rien d’aller en coulisse, on le sait ben que c’est pas nous qui gagne! ». 

On jasait pis on riait backstage quand on a nommé nos noms. Dans la catégorie « Meilleur groupe ». Wo là… J’étais pas prête à ça moi là..!! Je suis du genre full organisée d’habitude, je me prépare des points à dire, je m’écris un texte ou bien je répète des remerciements, mais là, voyons, faut que ça tombe sur la fois que j’avais RIEN préparé! 

Quand on est monté sur scène, l’animateur Vincent Poirier a proposé de faire nos remerciements à notre place parce qu’il voyait ben qu’on était bouche-bée haha! Une chance qu’Alain était là, une chance qu’on est 2. 

 
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En repensant à ce qu’on a dit, j’pense qu’on a bien fait ça et qu’on a dit grosso modo ce qu’on aurait voulu dire si on avait été prêts; un merci à Stef Paquette de la part d’Alain qui lui a permis de se sentir si bien accueilli dans la famille franco-ontarienne, un merci à notre réalisateur Carl Bastien et un merci à notre agent et co-producteur Phil Gaudreault. 

La première chose qui est sorti quand je me suis approché du micro c’est : « On était venus pour rendre hommage à CANO et à Daniel Lavoie, pas pour venir chercher un prix!!! »
Et on a failli oublier de prendre notre trophée avant de s’en aller. 

On n’en revenait pas. On avait les yeux plein d’eau en s’en retournant dans notre loge. 

(J’ai dit au début qu’on était nommés dans 3 catégories, mais les trophées des 2 autres catégories avaient déjà été remis dans la « Gala de l’industrie » quelques semaines plus tôt. Le prix « meilleur groupe », c’était notre dernière chance de remporter quelque chose et après avoir vu passer plusieurs prix sans jamais gagner (6 aux galas Trille Or depuis nos débuts), on dirait que le cœur fini par se dire : « Ça suffit les faux espoirs, là ». Ceci explique cela.)

On est rembarqué sur scène une dernière fois pour chanter Daniel Lavoie. Encore un ptit moment parfait à harmoniser ses si belles chansons avec nos amis auteurs-compositeurs. Malheureusement, Daniel Lavoie n’était là qu’en virtuel, on n’a pas eu la chance de le rencontrer. J’espère bien que ça arrivera un jour!

En revenant à la maison à la fin de la soirée, on a installé notre Trille Or sur une ptite tablette dans notre salle de bain. On s’était toujours dit que si on gagnait des trophées un jour, on les mettrait dans la salle de bain. Et on a pleuré de rire quand on s’est rappelé qu’en sortant de scène avec le trophée dans les mains, Alain avait dit tout haut : « Ça s’en va direct dans toilette ! » sans se rendre compte du double sens de sa phrase. 

Je la ri encore.