Ça y est ! VACHES, The Musical a foulé les planches pour la premières fois la semaine dernière. Pour 6 représentations + une générale publique.
Pour les curieux, OUI, ça s’est full bien passé ! La réaction du public a été fantastique et on a eu un fun fou sur scène. Déjà hâte aux prochains shows !
Mais… (Oui, il y a un « mais ».) j’ai été épuisée toute la semaine.
C’était, énergiquement, un gros défi tout le long.
Bon, c’est pas vrai à 100%. À la générale publique et à la première, l’énergie était encore toute là.
C’est à la 2e représentation que ça a commencé à être plus dur.
Au théâtre, on dit souvent que la deuxième est maudite. On est encore sur le high de la première et, comme on a l’impression que rien ne peut nous arrêter, le deuxième show se passe toujours moins bien que prévu (selon les superstitieux… les mêmes qui sont outrés si t’as le malheur de leur souhaiter « bonne chance » au lieu de leur dire « merde »).
J’y croyais pas. Je me disais que, puisque notre générale était publique, la 2e, c’était en fait plus comme une 3e, non ? Alors on n’avait pas à s’en faire ! La malédiction était dernière nous.
J’étais toute confiante jusqu’à ce que…
Je commence ma semaine.
Être dans sa semaine
Synonyme : Avoir ses règles.
Arrrgghhh!
J’y ai pas échappé, câline de bine!
J’ai, la plupart du temps, été assez chanceuse. Dans ma vie, j’ai souvent eu mes premiers jours de règles dans des moments où je pouvais quand même me permettre de mettre ma vie sur pause et de remettre mes tâches au lendemain, le temps de laisser passer la douleur en restant toute la journée emmitouflée dans le lit avec une tisane et une bouillotte.
Mais je savais trop bien que ce ne serait pas toujours le cas.
Faire un spectacle quand t’es top shape, c’est le plus beau feeling du monde.
Mais aussitôt que tu te sens pas full bien, l’extraordinaire se change vite en catastrophe.
Ça vaut pour n’importe quoi. Quand t’es blessé, que t’as un rhume, une extinction de voix, un mal de tête, une grande fatigue, une épreuve mentale…
The show must go on.
Tu peux pas te permettre de ne pas donner ton 100% sur scène. Le public qui est là ce soir a tout autant le droit d’avoir un bon spectacle que ceux qui étaient là la veille.
Oui, c’est de la torture.
Faut être un peu fou pour choisir de pratiquer ce métier-là j’pense.
Alors j’étais là.
Le soir de deuxième.
Dans les loges, à quelques minutes de monter sur scène, en grimaçant avec mes crampes et mes jambes molles.
Inconfortable dans mon costume soudainement beaucoup trop serré.
En attendant que la magie du Advil fasse effet.
J’appréhendais les 2 prochaines heures où je devrais donner tout ce que j’ai… ou plutôt tout ce que je n’ai pas.
Mais quand faut y aller, faut y aller.
Honnêtement, pour ce qui est de la douleur, c’est un peu comme la fameuse envie de pipi qui arrive quelques secondes avant de monter sur scène. Ça fait peur sur le coup, mais une fois que le spectacle commence, avec l’adrénaline, on finit un peu par l’oublier.
Pour moi, ce qui a vraiment été le plus dur, ça a été surtout la partie mentale.
Être dans sa semaine, c’est pas juste éprouvant physiquement, ça l’est aussi mentalement. Ce qui se passe dans le corps à ce moment-là du mois, ça gruge toute notre énergie et ça met le cerveau en compote.
Je me connais, je le sais que je perds mes moyens et mes repères quand je suis pas totalement focus. Je le sais que pour être vraiment bonne sur scène, il faut que je sois toute là, dans le moment présent.
Je me doutais bien que là, ce serait pas possible. Même en me concentrant de toutes mes forces, j’avais atteint une certaine limite humaine.
Je suis passée en mode survie. Je mettais le plus gros de mon attention sur : « c’est quoi le prochain cue ». J’y allais un petit détail à la fois. Parce que je sentais qu’autrement, bien que je connaisse le show sur le bout de mes doigts, je pouvais très bien perdre le fil, partir à gauche au lieu d’aller à droite, inverser 2 répliques ou même 2 syllabes… Le show ne faisait même plus de sens dans ma tête, c’était juste une grosse série de « par cœur » à ne surtout pas oublier.
J’ai réussi tout de même à passer au travers. J’étais pas super fière à la fin. J’avais bafouillé à quelques reprises, j’avais eu des problèmes de changements de costume et d’accessoires et j’avais même oublié complètement de dire une réplique.
Quand on y pense, sur un show au complet, ce ne sont que de petits détails qui ne changent pas grand-chose à la qualité globale du spectacle. Mais c’est que j’avais surtout du mal à avoir une vue d’ensemble de tout ce qui venait de se passer. Rendu là, c’était trop flou pour faire une rétrospective.
Pour le reste de la semaine, les spectacles se sont tous merveilleusement bien déroulés. Mais toutes les fois que je n’étais pas sur scène par contre, j’étais en train de… dormir.
À la base, même sans être dans ma semaine, c’est un show extrêmement exigeant, autant physiquement que vocalement.
Faudra que j’apprenne à dompter la bête si je veux passer à travers les prochaines tournées à venir..!
Sur ce, je fais le vœu que la chance continue à me sourire et que mes règles tombent le plus souvent possible aux moments les plus faciles à adapter. Je le souhaite à toutes les femmes aussi d’ailleurs.
On sous-estime la puissance féminine qu’on a d’arriver à poursuivre nos trains de vie professionnelle tout en traversant cette période du mois, et ce, la majorité du temps, en silence.
Je vous admire, les filles.
xoxo