Je sais pas si je suis la seule comme ça, mais à chaque fois qu’on me pose les questions : « Quoi de neuf? » ou « Qu’est-ce qui s’en vient pour vous? » ou « Qu’est-ce que vous faites les jours où vous avez pas de spectacles? », ça me stresse full. Et on dirait que ce stress-là me fait oublier tout..! J’ai très souvent de la misère à répondre comme il faut à ces questions-là, pis quand je m’écoute parler, je sonne comme si je faisais rien pis que j’avais pas grand chose d’intéressant à raconter qui se passe dans ma vie. J’pense que c’est une phobie. Que les autres pensent que je ne travaille pas assez.
À chaque fois, ça continu à me trotter dans la tête les heures d’après et je pense à toutes les meilleures réponses que j’aurais pu donner et auxquelles j’avais pas pensé.
Je pense que tous les artistes de scènes n’aiment pas avouer qu’ils n’ont pas de spectacles prochainement. Que c’est facile de répondre « je suis en train de composer et de travailler sur un prochain album » quand on a envie de répondre quelque chose de simple et satisfaisant, qui va nous faire sentir comme si on était productifs tout le temps. Souvent c’est vrai, parfois c’est une porte de sortie, une façon de clore la conversation en laissant une ambiance de « j’ai hâte d’entendre ça » planer dans l’air.
Je travaille là-dessus tous les jours… À terminer mes journées et me sentir fière de ce que j’ai accompli. À aller me coucher chaque soir en étant satisfaite. D’avoir évolué, d’avoir avancé dans mes projets et tout. J’ai commencé à compter mes heures de travail pour m’aider à me rappeler que ce que je fais, je ne le fais pas dans le vide. C’est trop facile d’oublier tout le temps qu’on y a mis quand on n’est pas payé de l’heure à le faire. (En conclusion, le nombre d’heures élevé m’impressionne à chaque fois.)
J’aimerais ne plus jamais être prise au dépourvu avec toutes ces questions qui veulent dire : « Mais qu’est-ce que tu fais? ».
La réalité, c’est qu’aucune journée n’est semblable. Et oui, la plupart des jours de l’année, je ne suis ni en studio, ni en spectacle. Concrètement, y a rien d’écrit dans mon calendrier. Pourtant, j’accumule des heures et des heures de pratique, de création, d’analyse, d’apprentissage, d’échanges de courriels, de petits projets merveilleux ici et là…
Tout ça, vu de loin, ça ne ressemble peut-être pas à grand-chose, mais c’est la constance qui permet toujours la prochaine étape et de s’approcher de plus en plus de sa vie de rêve.
J’trouve mon mode de vie sain jusqu’à ce qu’on me pose cette question. J’suis satisfaite de mon quotidien, mais je n’arrive pas à le transmettre convenablement en mots pour faire comprendre à mes interlocuteurs à quel point chaque journée représente beaucoup pour moi.
Et je m’entends encore leur répondre maladroitement et sous-entendre que j’ai rien à dire…
Alors, note à moi-même, pour les prochaines fois;
« Gen, dis-leurs à quel point t’es une championne de la constance et de l’auto-discipline. Que tu pratiques tes tounes à tous les jours, que t’as toujours l’esprit ouvert à la création avec des nouvelles idées qui arrivent de partout, que tu t’efforces à partager ton mode de vie et tes connaissances à tous les jours par les posts sur les réseaux sociaux, les stories, les articles de blog et les infolettres, que tu fais partie de plusieurs magnifiques projets (parce que c’est toujours le cas) et qu’en plus, ta vie personnelle est comblée par un chum aimant, des animaux pleins de vie et une nouvelle maison pleine d’amour.
T’as pas besoin de dire que t’es occupée. C’est à la mode dire qu’on est débordés. Ben toi, en ce moment, t’as la liberté de prendre soin de toi, d’apprendre toutes sortes d’affaires précieuses et de créer. Ça vaut mille fois plus que de courir après le temps. »
Et quand on me demande « Comment tu fais pour en vivre alors? ».
Je réponds que, bin oui, les shows + les subs + les redevances de droits d’auteurs et droits voisins + d’autres projets ponctuels, c’est en masse pour en vivre depuis les dernières années. Qu’on n’est pas riches évidemment, mais qu’on est pourtant confortables et heureux. C’est tout.
Est-ce que j’espèrerais plus? Mmh… Oui.
Oui, j’aimerais avoir des spectacles plus souvent pour pouvoir vivre davantage ces occasions uniques de partager du beau avec des spectateurs bienveillants. (Et pas juste pour pouvoir dire que j’ai des shows..! Tsé.)
Oui, j’aimerais qu’on puisse atteindre plus de gens encore pour vraiment réussir à atteindre les bonnes personnes à qui nos chansons feront le plus de bien. (Pas pour être populaire, mais pour avoir le sentiment d’être utiles et de faire une différence à notre échelle)
Mais c’est justement ce sur quoi on met nos énergies constamment.
Même si d’un œil extérieur, le processus ne se perçoit pas toujours, ça reste la plus belle partie.