routine

Les ptits bonheurs d’une routine de création

 
 

J’ai toujours voulu que la création devienne une habitude. Que je puisse entrer : Écrire une chanson dans mon agenda à chaque semaine (dans mes rêves : à chaque jour!) et que ça fonctionne. La réalité c’est que 95% du temps, même si on se dit qu’on voudrait composer, l’inspiration n’est pas là. On a beau s’asseoir avec notre instrument dans les mains, ça ne se force pas. C’est frustrant des fois. Ça m’est arrivé de me dire : « Ok, là je m’assois au piano et j’ai pas le droit de faire d’autre chose tant que j’ai pas réussi à écrire une toune d’un bout à l’autre. »

 

Honnêtement? Y’a pas une fois que j’ai réussi le défi. Ça m’a découragée à chaque fois. Je me suis demandé souvent si j’étais encore capable de composer.

J’avais la fausse impression que les chansons que j’avais écrites dans le passé, elles étaient arrivées par magie, sans effort.

C’est vrai que c’est ce qui arrive parfois quand l’inspiration nous frappe de plein fouet et qu’on réussit à créer une pièce en 20 min. Mais on peut pas faire carrière en tant qu’auteur-compositeur-interprète en ne faisant qu’attendre après ces moments-là.

 

Alors on fait comment?

 

En faisant des petits pas. Tout le temps.

En créant tous les jours, mais sans viser un résultat final à tous les jours.

 

On aimerait dont bin avoir la prochaine chanson TOUT DE SUITE. Mais patience!!! Chaque note, chaque accord, chaque mot trouvé est aussi une petite victoire. Et même si on ne trouve rien! Il ne faut pas avoir peur d’y mettre de l’énergie même s’il n’y a pas de résultat tangible à la fin de la journée. C’est pas vrai que ça aura servi à rien.

À chaque fois qu’on investit notre temps à créer, on évolue, on fait de nouvelles découvertes, on apprend ce qu’on aime et ce qu’on aime moins, on accumule des tonnes de bonnes idées, on pratique notre patience et on savoure le processus.

 

Y'a eu une fois dans ma vie, il y a 2 ans, où j’ai réussi une bonne fois pour toute à composer à tous les jours. Où j’avais enfin trouvé ma p’tite formule magique pour que ça devienne une routine.

 

Voici ce que j’ai fait.

 

Comme je suis plus confortable en tant que chanteuse qu’en tant que pianiste, j’ai découvert que j’étais très à l’aise à composer sans instrument. Donc, je pouvais composer n’importe quand, n’importe où, à condition que je puisse chanter à voix haute sans déranger personne.

J’me suis mise à marcher. À beaucoup marcher. J’habitais sur un long rang de campagne en cul-de-sac donc, je croisais pratiquement jamais personne. Je partais marcher 1 heure ou 2 avec mon iPhone à la main pour avoir accès à Dictaphone et à Notes pour pouvoir m’enregistrer et écrire. Mon but, c’était de revenir absolument avec quelque chose.

Et je suis toujours revenue avec quelque chose. Un refrain ici. Une structure complète de chanson là. Un texte par ci. Une mélodie par là.

Le lendemain, je recommençais toujours avec du nouveau, dans l’intention d’accumuler le plus de bribes de chanson possible. Bonnes ou pas bonnes, en autant que j’avais p’tit quelque chose avec du potentiel.

C’est arrivé souvent qu’en revenant à la maison, je courrais vers mon piano pour trouver les accords et assembler les morceaux. Quelques heures plus tôt, j’avais pourtant pas plus envie que ça de composer et je ne me serais certainement jamais doutée que l’inspiration prendrait cette tournure-là ce jour-là.

 

On dit que pour créer, c’est bon de se mettre dans un environnement propice à la création. Pour moi, en combinant activité physique et nature et en soustrayant toutes les distractions possibles puisque j’étais loin de tout, dehors, c’est ce qui a le mieux fonctionné.

 

Juste avec ces longues marches-là, j’ai accumulé une centaine de chansons en à peine quelques mois. En fait, non. Pas encore des chansons, mais plutôt des débuts de chansons potentielles.

 

Est-ce qu’il suffirait de toutes les terminer pour réussir à avoir les tounes de mes 10 prochains albums?? Certainement pas! En travaillant comme ça, je me suis rendu compte que ça partait dans tous les sens, que je n’écrivais pas en ayant d’emblée les critères de mon projet musical. La plupart ne fitaient pas vraiment avec Geneviève et Alain.

C’est peut-être pour ça que j’ai tranquillement arrêté de pratiquer ce petit rituel créatif avec le temps. À part les quelques chansons qui se sont rendues en studio, je me demandais un peu pourquoi je créais finalement. Pourquoi écrire 100 chansons pour n’en garder que 3?

 

La réponse?

Même quelques années après, ces bribes de chansons me servent encore!

Je me suis créé une véritable banque de données qui me facilite la vie encore aujourd’hui, quand j’ai à écrire des chansons pour de nouveaux projets.

Je me suis servi d’une quinzaine de la gang juste la semaine dernière!

 

 

Quand on cherche l’inspiration, on voudrait qu’elle nous donne précisément ce qu’on désire à ce moment-là. Mais parfois, elle décide qu’elle nous donnera exactement ce qu’on aura envie d’avoir dans 2 ans.

C’est fascinant!

 

J’te souhaite de trouver toi aussi ta formule créative qui te permettra de créer régulièrement, sans jugement et sans pression.

Pendant ce temps-là, je serais vraiment due pour m’y remettre moi aussi!