On veut lancer un single bientôt et qu’il soit accompagné d’un vidéoclip.
On trouve un réalisateur vidéo.
Il nous demande si on a des idées…
Non. Pas vraiment. On se demandait si vous en auriez en écoutant la chanson?
Et on nous dit de repasser quand on aura des idées.
Ça fait 8 ans que notre projet musical existe et on a jusqu’à maintenant très peu de vidéoclips par rapport au nombre de chansons lancées. On a souvent voulu prioriser les sessions live au traditionnels vidéoclips. Mais ça faisait longtemps que j’avais hâte d’en avoir un avec un scénario, pour vraiment mettre en scène la chanson.
Mais je me sens imposteur dans le domaine de la vidéo. J’ai peur d’avoir des idées qui n’ont pas de sens ou qui seront jugées parce que je ne sais pas de quoi je parle. Normalement, je me concentre sur tout ce qui concerne l’audio. Les idées visuelles, c’est moins ma force. En tout cas, j’ai moins d’expérience, donc c’est mon impression.
Mais j’ai envie d’un vidéoclip.
Un matin, je décide d’enlever toutes ces barrières psychologiques-là et de mettre sur papier tout ce qui me passe par la tête comme idées de scénario. Je décris des scènes, un endroit, des interactions et des plans de caméra par rapport à chaque couplet et chaque refrain. Au pire, ce sera pas ça et j’ai juste à le montrer à personne. Au pire, je saurai mieux ce que je veux pas pour la suite.
Pour m’aider à visualiser, je fais des heures de recherche pour trouver des images sur internet qui correspondent à mes idées, à l’ambiance, à la direction du concept. Pour chaque scène.
Et pour mon propre plaisir, je me monte un beau document sur Canva pour illustrer l’ensemble du projet.
quelques-unes de mes images d’inspiration
Avec ce résultat-là, je me rends compte que j’assume tout ce qui est dedans.
J’m’impressionne d’avoir confiance en mes propositions.
J’envoie ça à notre équipe.
La réponse : « Pour quelqu’un qui avait pas d’idée!!!!????! »
Bon, là je suis en train de me demander si j’en ai pas trop mis…!
On parle au réalisateur, ça se passe full bien, on clarifie certains points et on part à la recherche du lieu de tournage.
Il me revient avec une idée de lieu, différente de celle que je proposais, mais qui répond exactement à une autre idée que j’avais eu et dont je ne lui avais même pas parlé..!
Accompagnée d’une photo du lieu choisi sur mon cell et de mes photos d’inspiration, je pars magasiner du linge pour trouver quoi porter pour le tournage. Je passe 4h au Simons à essayer des vêtements et à faire travailler fort les caissières à remettre sur le plancher tous les morceaux que je prends pas.
En revenant, je passe le reste de la journée à retaper le scénario au complet pour l’adapter au « nouveau » lieu. Je sais pas si j’en fait trop… Mais je me dis qu’il vaut mieux que je partage toutes mes idées et qu’on choisissent parmi elles que de ne pas en dire assez et que ça prenne une direction qui ne me parle pas.
J’ai hâte. Le matin du tournage, on se lève tôt pour se préparer et aller les rejoindre.
À 14h, on a déjà fini.
Ça a tellement pas été long! J’ai été fascinée de les regarder travailler. De voir la minutie avec laquelle ils positionnaient l’éclairage pour chacun des plans. De percevoir l’amour qu’ils avaient envers ce qu’ils faisaient. Le respect de mes idées et de notre musique.
Expérience magnifique.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est que j’avais tellement visualisé les scènes dans ma tête en faisant le scénario, dans la cabine d’essayage en essayant le linge, en me préparant le matin et en pensant à chaque détail, qu’au moment de filmer, j’avais l’impression d’avoir déjà vécu le moment avant même de le vivre. Je m’étais vu, assise exactement là, à faire exactement ça, dans exactement cette situation-là. C’est un feeling vraiment spécial.
Bref, au moment d’écrire ces lignes, on a tourné, mais c’est en montage, alors je n’ai encore rien vu! Je suis tellement excitée!!!! J’ai hâte de voir.
Mais j’ai aussi déjà hâte au prochain :)
En attendant, je cherche de quelle autre façon je pourrai transposer mon nouveau super pouvoir de visualisation dans mes futurs projets.
