Depuis plusieurs années déjà, j’ai le plaisir de me retrouver sur différents jurys pour toutes sortes d’événements musicaux et artistiques. Pour des concours de talents, par exemple. Dans la dernière année, plus précisément, j’ai pu expérimenter un peu plus les comités de sélection pour les demandes de bourses et subventions (dans le genre CALQ, CAC, CAO, Musicaction, etc.). Ça m’a fait avoir une nouvelle perception de ce genre de demande qu’on fait nous-même régulièrement pour réussir à combler le côté financer de nos projets d’albums et de spectacles. Honnêtement, j’ai jamais eu la confiance de remplir une demande toute seule. J’avais toujours besoin de les faire lire par des avis extérieurs ou d’engager quelqu’un pour m’aider à les remplir. J’me suis sentie un peu imposteur quand on m’a demandé de siéger sur un tel comité pour la première fois parce que je ne m’étais jamais permise de me sentir à l’aise avec mes propres demandes de bourses.
Finalement, de un; j’ai quand même beaucoup aimé faire ça! Et de deux; j’ai tellement appris!!! À force de lire et d’analyser les dossiers de tout plein d’artistes, on finit par comprendre quelles sont les forces et les faiblesses un peu partout.
Et maintenant que j’ai ce point de vue-là, je vais clairement avoir beaucoup plus de facilité et de fun à rédiger ma prochaine demande! J’ai presque déjà hâte.
D’après ce que j’en ai retenu, voici quelques trucs à faire qui seraient à ton avantage pour augmenter tes chances que ta demande soit acceptée :
1. Être passionné et passionnant
J’avoue m’être laissée influencer beaucoup par ce point-là. J’ai poussé pour donner des chances à plusieurs projets qui n’étaient peut-être pas parfaits mais dont le potentiel était grand et surtout, dont la passion était palpable. C’est la plus grande drive d’un projet artistique, la passion. C’est ce qui prouve que tu vas tout faire pour aller au bout de ton projet et c’est ce qui donne envie aux autres d’admirer ton travail. Lire le texte d’un passionné qui présente un projet avec amour, c’est… passionnant. C’est marquant. Alors si tu veux réussir à te démarquer de toutes les autres demandes, mets tes étoiles dans les yeux sur papier.
2. Être réaliste
On ne peut pas être QUE passionnés, il faut savoir garder un côté logique derrière tout ça aussi quand même. Est-ce que le budget fait du sens? Est-ce qu’on ne demande pas trop? Ou peut-être pas assez? On paye bien tout le monde? Est-ce que les délais du calendrier sont raisonnables? Est-ce que tout ce qui est décrit dans le projet est vraiment faisable?
3. Bien lire les objectifs et les critères d’évaluations
Je sais, c’est évident..! Mais les garder en vue pendant la rédaction, ça aide à mettre l’emphase sur certains aspects de son projet pour prouver qu’il répond bien à chaque critère. Je sais… on fait pas de la musique pour répondre à des critères, c’est un peu plate de le voir comme ça, mais c’est comme ça que ça fonctionne pour pouvoir comparer les projets.
4. Mettre en lumière la qualité de son travail jusqu’ici
On veut bien voir la qualité de tes œuvres des dernières années, on veut sentir que ton projet roule déjà bien, qu’il est professionnel et innovant, qu’il a déjà un certain rayonnement. Parfois, pour une demande de bourse de création par exemple, c’est dur de montrer concrètement ce qu’on veut faire parce qu’on ne l’a pas encore fait. Mais sache que la qualité de tes œuvres du passé (pas d’il y a 10 ans, idéalement) que tu proposes en documents d’appuis compte habituellement pour beaucoup de points. Essaie quand même d’envoyer les œuvres le plus en lien possible avec ta demande, évidement. Si tu veux faire un album folk, mais que tu as déjà aussi fait du classique dans le passé, c’est peut-être pas nécessaire d’envoyer tes prestations de Mozart…
5. Démontrer son potentiel dans le futur
On veut sentir l’importance de ce projet-là pour ton développement professionnel et aussi l’impact qu’il pourrait avoir sur ta communauté, par exemple. À quel point ce projet-là est-il indispensable? Comment va-t-il se rendre au public? Qui est-ce que ça va rejoindre? Quelles actions vas-tu faire pour optimiser son rayonnement?
6. Faire corriger ses fautes d’orthographe
Ça aussi ça semble évident, et pourtant…!
J’ai rien d’autre à ajouter. Ça prouve juste le sérieux d’une demande.
7. Ne pas abuser des mots compliqués
Ça c’est peut-être juste moi, mais honnêtement, ça me gossait quand j’étais obligée d’aller chercher dans le dictionnaire ce que tel mot voulait dire. Donc, idéalement, évite les mots qui font avoir l’air intelligent et évite (ou explique) les termes trop geek. On aime sentir l’humain derrière le texte, on n’aime pas quand c’est trop formel.
8. Écrire au futur, pas au conditionnel
On veut lire : « Voici comment ça va se passer. » et non pas « Voici ce qui se passerait si j’avais la bourse. ».
9. Éviter la répétition inutilement
J’en ai vu beaucoup des comme ça. Sérieux, j’ai 40 autres dossiers à lire, tant qu’à écrire 2 pages, peux-tu être concis et précis s’il te plaît? C’est pas parce que c’est écrit « max 10 000 mots » que t’es obligé d’en mettre 10 000 non plus. Tout est là? C’est parfait! Laisse ça comme ça!
10. Éviter qu’on sente le besoin de faire des recherches
Normalement, on devrait pas avoir à te googler après avoir lu ta demande. On devrait avoir eu le portrait complet de l’artiste et du projet. Tu as souvent plusieurs liens et documents à envoyer pour appuyer la demande, alors, que le nécessaire y soit!
Bonus : Avoir un bon dossier de presse (quand c’est demandé)
La plupart du temps, on essaye de limiter le nombre de pages pour un dossier de presse pour qu’il soit simple à consulter, mais y en a des tannants qui, pour s’en sauver, ils mettent juste des liens de pages web! Une page complète de http//www.com c’est pas super accueillant. Idéalement, il faudrait ouvrir le document et avoir directement et facilement accès à l’essentiel. Merci!
Voilà!!! C’est certainement pas le genre d’article que j’aurais écrit si je n’avais pas vécu l’envers de la médaille, mais le v’là! J’espère qu’il vous sera utile!