C’était ma fête la semaine dernière, j’ai eu 28 ans. Petite parenthèse pour dire que ça fait du bien de pouvoir enfin refêter son anniversaire en dehors d’un confinement, c’était pas arrivé depuis 2019.
J’avais envie de partager mes réflexions sur l’âge et notre anxiété de vieillir. Dans la vie en général et à travers une carrière artistique.
(Si t’es plus âgé que moi, tu vas probablement me trouver drôle de parler de vieillir à mon âge, mais « être vieux » c’est relatif en fait si de toute façon on est chaque jour plus vieux que la veille)
J’ai l’impression que dans les premières fois de notre vie où on va commencer à stresser, c’est quand le 30e anniversaire approche. Je le ressens parce que la plupart de mes amis sont en train de passer le cap du 30 ans et c’est des conversations qui reviennent souvent.
« As-tu peur? »
C’est dans les premières fois qu’on a ce feeling-là parce qu’avant, on était toujours contents de fêter une année de plus.
Quand tu es enfant, t’as hâte d’être un ado, quand tu es ado, t’as hâte d’être un jeune adulte et quand t’es rendu là…. t’aimerais bien rester là!
Ce qui se passe c’est que c’est dans la vingtaine qu’on devient autonome. Qu’on profite du fait qu’on peut prendre nos propres décisions de vie. Et qu’on apprend à devenir quelqu’un. C’est souvent une espèce de période festive puisque tout est permis! C’est le temps de tester plein de trucs, de choisir avec qui on veut vivre et de bâtir les fondations de notre carrière.
Alors je crois qu’on redoute la décennie qui suit pour 2 raisons:
1. On a peur d’être déçus d’où on est rendus. On se serait imaginés qu’à cet âge-là, on aurait accompli telles ou telles choses qu’on n’a toujours pas faites et on voit les gens autour de nous qui y sont pourtant parvenus. On se compare à ce qu’on espérait et on se compare aux autres. Socialement, on a l’image qu’à 30 ans, on devrait être dans une relation de couple sérieuse (voire marié), on devrait avoir eu un premier enfant ou être en train de le prévoir, on devrait avoir acheté une première maison et on devrait avoir du succès dans notre travail.
2. On a peur de perdre notre jeunesse et de perdre une certaine liberté. Avec un bébé, une maison et/ou un travail qui roule, ça amène un paquet de responsabilités. Ça nécessite un sérieux, une routine, de la constance… bref, tout le côté plate qu’on s’imagine d’un adulte quand on est plus jeune.
Vieillir en tant que femme
Au-delà de la trentaine, je me demande comment c’est d’être une femme qui vieillit. Ça fait pas si longtemps que ça que les dames ont commencé à être représentées dans les médias, au cinéma, en politique, en entreprenariat, etc.
Si on reste dans le domaine artistique, par exemple, j’ai souvent entendu qu’après un certain âge, les comédiennes avaient du mal à se trouver encore du travail parce qu’il n’y avait plus de rôles pour elles. Penses-y, t’en connais combien des films avec des femmes de 50-60-70 ans comme personnages principaux? Les premiers rôles clichés qui me viennent en tête pour ces comédiennes-là, c’est des vilaines sorcières ou des méchantes belle-mère. C’est sûr que ça donne pas le goût de vieillir..! Heureusement que ça change, qu’on a de plus en plus de modèles et de moins en moins de préjugés sociaux, même si y a encore du travail à faire.
J’ai hâte qu’on ne soit plus offusqués de se demander nos âges et qu’on ne soit plus gênés de le dire.
Trop tard pour la musique?
Alain et moi on jasait l’autre jour et on s’amusait à se demander; mettons que dans un monde parallèle, on avait toute notre vie travaillé dans un autre domaine pour un employeur, est-ce qu’on aurait les guts de tout lâcher maintenant pour se partir une carrière en musique?
Pis notre conclusion aux deux, c’était que probablement que non. Notre premier réflexe, c’était de dire qu’il serait trop tard..! Et pourtant, si tu y penses, c’est faux! C’est qu’on a la perception que pour une carrière en musique, il faut absolument commencer jeune pour « percer » (même si j’ai jamais compris ce que ce mot voulait dire). Que pour vivre de sa musique encore à 60 ans, il faudrait avoir commencé dans la vingtaine au moins, sinon c’est inimaginable.
Alors, ouin. Je comprends. Quand on commence à approcher de l’âge où on arrive à dire qu’il est trop tard pour réaliser certains de ses rêves, ça peut faire peur.
Est-ce que moi, j’ai peur du 30? Pas vraiment. Je ne le ressens pas encore en tout cas.
Peut-être parce qu’il me reste encore 2 ans d’ici-là? Peut-être parce que j’ai déjà atteint la plupart des « exigences » sociales de cet âge-là? Peut-être parce que mon chum est plus vieux que moi et que je vis déjà la trentaine à travers lui?
Je sais pas, mais j’ai peur d’avoir peur. J’ai pas envie d’avoir peur de vieillir. J’ai envie d’aimer ça. J’ai envie de ressentir que c’est un privilège. J’ai envie d’en profiter précieusement et de le célébrer toute ma vie mes anniversaires autant qu’à mes 11 ans.
