Comment se tromper sur scène sans culpabilité

 

Avec Melissa Ouimet au FMG dans un show concept

 

Une des plus grandes causes de trac avant de monter sur scène, c’est la peur de se tromper. La peur d’avoir un blanc de mémoire, de s’enfarger dans ses paroles, de ne pas arriver à bien chanter telle note, à exécuter parfaitement telle partie de chanson… Le pire, c’est que plus tu te dis : «J’espère que je vais pas me tromper…»  ou «Faut pas que j’oublie mes paroles, faut pas que j’oublie mes paroles!», plus y a des chance que ça arrive…!!! 

Je sais pas si ça t’es déjà arrivé justement d’avoir exécuté ta chanson parfaitement en répétition des dizaines et des centaines de fois. Tellement que t’as même plus besoin d’y penser tellement tes doigts et ton corps l’ont assimilée et la connaissent par cœur. Tu te dis que tu pourrais clairement pas être plus prêt à la présenter devant un public, mais quand ce moment arrive, sur scène, tu te mets à tout analyser. Ta tête commence à spinner en plein milieu de la chanson et tu te demandes si tu te rappelles vraiment des accords du bridge..? Tu continues la chanson quand même en te disant : « merde, j’pense que je sais pu c’est quoi les accords du bridge » et quand vient le moment d’arriver au bridge en question, t’as une fraction de seconde de grosse panique avant que tes mains se posent exactement là où il fallait… ou pas….!!!! Parce que justement, tu t’es tellement posé trop la question que t’es arrivé à te convaincre que tu t’en souvenais vraiment plus! 


Ahhh ça me stresse juste à y penser! Ça me stresse parce que justement, on est sur le point de présenter notre nouveau show complet pour la première fois dans les prochaines semaines. Ça fait des mois qu’on le pratique et qu’on le connait déjà par cœur, mais je sais que si je suis «trop prête», c’est aussi pire que de ne pas l’être assez. 

 

Ce qui est angoissant dans le fait de se tromper sur scène, c’est que, comme tout le monde nous regarde, il faut savoir se reprendre rapidement et gérer la situation du mieux possible en peu de temps. 

Et la seule façon de se préparer à ça, c’est d’être prêts à tout..! 

Quand on apprend à faire des spectacles, dans nos premières fois, on se fait tous dire : «Si tu te trompes, fais comme si de rien n’était et continu». 

The show must go on comme dirait l’autre. 

Parce qu’instinctivement, quand on se trompe, on va faire une face de «merde, scusez, j’me suis trompé!». Il faut apprendre à se défaire de cette habitude-là pour tenter de faire décrocher le public le moins possible. 
Un truc aussi qu’on apprend, c’est que si t’es mal à l’aise, le public sera mal à l’aise aussi. On a tous déjà vu, en tant que spectateur, un artiste amateur se tromper ou trembler de la tête au pied. On est empathique, on a envie que ça se passe bien pour cette personne-là, mais dans ce contexte-là, on ne peut pas l’aider. Alors on se sent mal. On se dit : «Onh.. pauvre p’tite…».

Des fois on se sent mal et on sait pas trop pourquoi. L’artiste était très talentueux pourtant, mais on ne s’est pas senti détendu en l’écoutant. La réponse est souvent là; il était pas groundé et était mal à l’aise lui aussi. Ça s’est transmis à tout le monde à notre insu. 

 

Bref, si t’arrives à te tromper, tout en restant concentré et confiant. C’est vrai que la plupart des gens ne le remarqueront pas. Ne serait-ce qu’en échangeant 2 couplets de place, en replaçant une ligne par des «la la la» en faisant un intro 2 fois plus long… quand c’est assumé, le public va pas penser que c’est une erreur, il va prendre ça comme une décision artistique et gardera son focus sur la chanson.

Encore faut-il être assez bon improvisateur pour camoufler son erreur avec assurance.

 

Dépendamment du moment, parfois, y a des erreurs qu’on peut juste pas cacher non plus. Dans ces cas-là, quand c’est possible d’en rire, ça peut devenir un super beau moment de complicité avec les spectateurs. Tant que c’est assumé, encore une fois, et qu’on ne ressent pas que c’est un rire jaune, le public empathique rira avec toi et se retrouvera en toi. C’est humain de se tromper, ça prouve que les artistes ne sont pas parfaits et le public se sentira même choyé d’avoir vécu ce moment unique-là à ce moment précis.

 

Dernière chose : reviens dans ta chanson et dans le moment présent le plus vite possible après une erreur. C’est souvent un réflexe, après un ptit accrochage, de se dire «j’ai tout gâché…» et de repenser pour tout le reste du show au 3 secondes où t’as eu l’air fou (dans ta tête, parce qu’en réalité, ta perception est très souvent mille fois pire que la réalité). Passe à autre chose. Pardonne-toi. Et continue de foncer. (I know, c’est facile à dire.)

 

En gros, je pense que notre discourt interne est vraiment important avant d’entrer en scène, sur scène et juste… tout le temps!  Il faut se rappeler qu’on a confiance en soit, que c’est beau d’être imparfait, de rester positif envers nous-même et que la raison pour laquelle on est là, c’est pour vivre un beau moment qui nous fera plaisir à nous et qui fera du bien à ceux qui l’entendent. 

 

Je te souhaite plein de belles erreurs !