C’est toujours étrange après un lancement d’album. Ça fait des semaines et des mois que tu dédies ta vie à la production de cet album-là, que tu y mets toute ton énergie, tout ton temps, que tu penses à chaque détail, que tu le regardes sous tous les angles et puis le jour J arrive. Enfin. Toutes les intentions mises à travers chaque aspect de cet album-là se retrouvent disponibles, entre les mains et les oreilles de tous ceux qui veulent bien l’entendre.
C’est un soulagement. Une fierté. Tu visualisais cette journée-là tout le temps pendant le processus. Pourtant, le lendemain… y a comme un vide. Y a pu rien. L’objectif sur lequel tu te concentrais depuis tellement longtemps est atteint. Le reste du chemin de vie de l’album se fera par les autres, cette fois. C’est le moment de se croiser les doigts pour que les gens l’aiment, en fait, pour qu’ils l’écoutent au moins.
T’as passé les derniers jours à courir dans tous les sens pour que tout soit prêts à temps et pour arriver à donner toutes les entrevues possibles à en faire déborder ton horaire. Puis, plus rien. Une fois que l’album est lancé, on n’en parle plus dans les médias, le travail est complété. Continuer à en reparler régulièrement sur tes réseaux sociaux, ça ferait comme un effet de vendeur gossant. Faut que tu lâches prise pour laisser l’album voler de ses propres ailes.
Le prochain projet, ce sera de présenter les spectacles qui découlent de l’album. Le truc, c’est que c’est long avant de booker un show. La plupart du temps, quand t’es pas une vedette mettons, les salles aiment voir un showcase de ton nouveau show avant de te booker. Alors, tu fais la tournée des vitrines pour vendre tes shows. Et quand les diffuseurs l’achètent, c’est pour que t’ailles le présenter l’année prochaine, voire dans 2 ans.
Presque inévitablement, entre le lancement d’un album et le début d’une tournée; ça crée un creux. Un moment de répit mérité? Oui, certainement. Sauf que s’installe aussi une espèce d’anxiété… de déception. « Ah bon… tout ça pour ça… »
Faut dire que, quand le public est en train d’écouter ton album, tu le sais pas! Des centaines de personnes pourraient être en train d’apprécier ton album pendant que tu te morfonds à te dire que c’est plate qu’il y ait rien qui se passe.
Tu doutes. Tu te dis que la prochaine fois, tu prépareras mieux l’après-lancement.
Personne le sait que tu feel de même, parce que t’as un album tout fraichement sorti du four, ça paraît bien! Mais de l’autre bord t’es en train de stresser parce que tu viens d’investir tout l’argent que t’avais et que ça revient pas… Ça va finir par revenir, mais c’est long.
À chaque fois, tu souhaiterais tellement que ta musique atteigne rapidement les gens qui en ont besoin. Les gens à qui l’album fera le plus de bien. C’est pour ça que tu veux atteindre le plus de gens possible; simplement parce qu’en rejoignant une grande quantité de personnes, il y a plus de chance que ça tombe sur les bonnes.
Et là, tu te rappelles que t’es chanceux de vivre de ta musique. Oui, t’aimerais bien qu’elle prenne encore plus d’expansion, mais c’est ce qu’elle fait. Une personne à la fois. Un jour à la fois.
Parfois, il faut simplement que tu te rappelles que le succès instantané ne te plairait pas plus. T’aurais beaucoup trop peur de retomber aussi vite que t’aurais monté. Dans ce cas, tu préfères le long processus.
Avancer.
Lentement, d’accord, mais avancer toujours.
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Je me disais que c’est parfois l’fun de montrer les belles facettes et aussi les un peu plus dures de nos processus. Ça prend les 2 pour fonctionner. On a simplement plus d’enthousiasme à partager les belles choses. Alors, voilà, c’était une partie de ce qu’on ne vous partage jamais.
Parlant de belles choses, cette fois-ci pour nous, ça s’est passé un peu autrement. Le vide habituel s’est comblé par l’achat de notre première maison et on vient d’apprendre que l’album est déjà en nomination au GAMIQ, quelques semaines à peine après sa sortie!!!
Tout est bien qui finit bien :)