Chère Marie-Mai,
C’est Geneviève, ta petite cousine, la fille de Butch. Je sais jamais s’il faut que je te rappelle qui je suis quand je m’adresse à toi. Je prends pour acquis que tu ne me reconnais pas, en espérant quand même le contraire. On s’est croisés quelques fois ici et là, mais j’ai l’impression de te connaitre plus que ça (comme probablement le reste du Québec haha!).
Je me rappelle du jour où mon père m’avait dit : « Hey, oublie pas de regarder la nouvelle émission à la télé quand tu seras chez ta mère, y a ta petite cousine qui va faire partie de l’émission! Tsé là celle qui est venue glisser avec nous l’hiver passé? »
Je me disais : « Oui oui c’est bon papa, je vais regarder ton émission si je m’en rappelle. » J’avais 8-9 ans si je me trompe pas. Je me souviens pas par contre s’il m’avait dit en quoi consistait l’émission. J’aurais probablement pas pu vraiment comprendre avant de la regarder de toute façon. Ma mère, elle, n’a pas oublié, évidemment. Les mamans n’oublient jamais!
Et là, j’ai vu. La 1re émission de Star Académie.
C’est une émission de musique!!!
J’étudiais déjà à l’époque dans une école avec un programme de concentration musique où on avait 7h de musique par semaine + mes cours de piano privés. L’année précédente, j’avais eu ma première expérience de studio, mon prof de musique m’avait « spotté » pour aller enregistrer une chanson complète en solo pour envoyer dans les écoles de la commission scolaire.
Mon père et moi, on chantait ensemble depuis toujours et ma mère donnait des cours de violon à la maison quand j’étais toute petite. La musique c’était déjà ma vie.
Donc Star Académie pour moi, c’était… juste extraordinaire. Pis pas juste ça, j’avais un membre de ma famille dedans. Woooow. Moi qui écoutait presque jamais la télé, là, c’était impossible de manquer un épisode. Je capotais.
Pis en plus, touuuut le monde écoutait l’émission! Quand j’arrivais à l’école, tout le monde parlait de l’épisode de la veille, c’était fou. Mes amis savaient que t’étais ma petite cousine et ils ont pris bien soin d’aller le dire à toute l’école. J’étais gênée. Mais je me suis probablement fait des amis comme ça. Eh là là…
J’ai commencé à prendre des cours de chant privés dans les années qui ont suivi. Comme beaucoup de jeunes d’ailleurs..! Je me souviens que, quand je voyais mes cousines à Noël, on parlait de nos cours de chant et je me disais dans ma tête : « Mais non, moi je chante pas juste comme passe-temps..! Tu comprends pas, c’est pas pareil! Moi c’est pas juste le rêve de faire comme Star Académie! C’est une vraie de vraie passion, c’est ma vie, c’est mon avenir! ».
J’étais là à ton premier lancement d’album. C’était la première fois que j’assistais à un lancement de ma vie et que je te voyais chanter en vrai. T’avais fait le dévoilement de ton premier vidéoclip, « Il faut que tu t’en ailles ».
Je t’avais fait un dessin juste avant d’y aller. Je pense que c’était un chien… Mon père me demandait pourquoi je voulais te dessiner un chien..? « Tu pourrais plutôt la dessiner elle en train de chanter, non? » Mais non… Mon dessin, je voulais te l’offrir parce que je m’étais appliquée et que je le trouvais beau, c’est tout. Je t’ai donné mon chien à ton lancement.
Ta mère avait offert des biscuits à tous les enfants de la famille qui étaient venus, mais il en manquait un pour moi. Je m’en rappellerais pas si ce n’était qu’elle m’a offert un toutou de vache dans les semaines suivantes, pour se faire pardonner de m’avoir oublié hahaha!
Toutes tes apparitions à la salle Odyssée ou dans les salles pas trop loin de chez nous, j’y étais. Je me rappelle que tu me « spottais » dans la salle à chaque fois. J’ai commencé à aller te voir dans la loge après les spectacles pour te féliciter avant que tu sortes signer tes autographes. Je connaissais la salle, je savais par quelle porte me glisser pour me rendre à toi. Y a eu juste une fois… je me suis fait prendre par un des placiers qui refusait de me laisser passer. (On s’est rendu compte bien plus tard que c’était en fait Alain, mon chum d’aujourd’hui!! Drôle de coïncidence. On se connaissait pas du tout à ce moment-là.) T’avais toujours l’air contente de me voir. J’étais émerveillée et intimidée de te parler après t’avoir vu tout donner sur scène.
On s’est retrouvés à un moment donné dans un party pour la fête au cousin Rémi. J’étais rendu à 12 ans, je m’apprêtais à rentrer au secondaire bientôt. Tu m’avais parlé du secondaire, de comment c’était et que j’allais m’y plaire. On avait passé la soirée à jouer de la musique en famille. J’avais chanté « Encore une nuit » avec toi et t’étais impressionnée que je connaisse toute la chanson par cœur (ça doit pu être très nouveau maintenant de croiser des gens qui chantent tes chansons d’un bout à l’autre).
T’avais fait une entrevue avec mon père pour sa radio de l’école où il était animateur culturel à l’époque. J’avais assisté à ça et j’avais mis l’enregistrement de l’entrevue sur mon lecteur MP3 après. Je l’ai réécouté souvent.
J’ai toujours admiré ton parcours, la qualité de tes spectacles, de tes albums, tes apparitions médiatiques, ton esprit fonceur, audacieux, en soif de grandeur… Ça me faisait spécial de me savoir dans la même famille que toi, éloignée, c’est sûr, mais quand même. Ça m’a toujours donné l’impression que c’était possible. « Si ma petite cousine a du succès en tant que chanteuse, alors, moi aussi je vais y arriver. » Je me suis souvent rêvée à ta place, j’ai appris en te regardant. T’as été un fabuleux model. Tu l’es encore.
J’ai remporté une des finales locales de Secondaire en spectacle en chantant « Mille jours » (de ton 2e album Dangereuse attraction) et en m’accompagnant au piano. L’année suivante, j’étais encore lauréate, mais en présentant mes propres compositions cette fois.
Et ça a continué.
J’ai continué à assister à toutes tes apparitions dans les salles près de chez nous, jusqu’à ce que ça deviennent tellement gros, que je n’arrivais plus à aller te saluer après les shows. J’ai continué à suivre tout ce que tu faisais, d’un peu plus loin seulement.
Combien de fois je me suis fait reprocher par ma mère qui croyait tellement en moi, de ne pas avoir les « guts » de t’appeler, de prendre rendez-vous avec toi pour prendre de tes conseils pour ma propre carrière à laquelle j’aspirais. Elle m’encourageait constamment à sauter sur l’occasion. Elle avait peur que ce soit beaucoup plus dur pour moi de faire carrière en chanson parce que je n’avais pas ta « drive ».
Elle avait raison…! J’étais pas toi. En fait, j’avais peut-être juste pas de « drive » quand c’était pour faire ce que les autres me disaient de faire, maintenant que j’y pense. Je sais pas trop.
J’avais pas envie de forcer les choses. Je me suis toujours dit que nos chemins allaient inévitablement finir par se recroiser quand ça allait être le bon moment. Quand j’aurais fait ma propre place, sans la quémander à personne.
Ça fait un méchant bout de ça. C’est long de faire sa place..!
Mais j’avoue que j’en rêve encore. De ce moment-là où on se retrouverait par hasard sur le même show ou sur le même plateau. Et que je pourrais jaser de musique avec toi en sachant de quoi je parle, qu’on aurait des points communs, des univers qui se croisent… de pas juste être éblouie par tes accomplissements.
On partagera peut-être une chanson à ce moment-là, je sais pas. Mes visualisations prennent toutes sortes de formes.
J’attends ce moment-là depuis mes 8 ans. Je sais pas ce qui va arriver ensuite, ni si ça va arriver, ni quand, mais mon avis n’a pas changé. Ça arrivera quand y faudra que ça arrive quand ça a besoin de se passer.
Y a rien qui arrive pour rien.
(Ça me fait penser, parlant de coïncidence; la première chanson que j’ai vraiment chantée en solo sur scène, c’était Oh Happy Day, à la salle Odyssée justement, avec la chorale de mon école. Quand je t’ai entendu dire en entrevue que ta première apparition sur scène, quand t’étais ado, c’était avec Sister Act, je pouvais pas croire..!)
Tout ça juste pour te dire merci d’avoir fait partie de l’inspiration de mes choix de vie et de m’avoir permis de rêver grand. C’est une source inépuisable de motivation d’observer ton processus. Je suis fière d’être la fille du neveux de ton père à toi ;)